mardi 6 novembre 2012

KZ Dachau

NB : je n'ai pris aucune photo, car en visitant le camp, on est assez absorbés par tout ce qu'il y a à voir. Copyright donc à Google Images et Wikipedia !

Me revoilà, cette fois avec un article sur le KZ Dachau (français non germanistes, prononcez Darrao), en français, le camp de concentration de Dachau. Bien qu'il se trouve très près d'Eichstätt, je n'avais pas encore eu l'occasion d'aller le visiter. C'est maintenant chose faite, et c'est une très bonne occasion de reprendre ce blog, qui commençait à être victime du fameux "syndrome du deuxième semestre" (la plupart des blogs d'Erasmus sont abandonnés au deuxième semestre par manque de temps, d'envie, de motivation, et l'impression qu'il n'y a plus rien à dire).



Quelques remarques d'ordre général avant de commencer. Le camp de Dachau se trouve juste au nord de Munich, et c'est le tout premier camp de concentration mis en place par le régime nazi. Il a ouvert dès mars 1933, soit deux mois seulement après la prise de pouvoir d'Hitler, et il a été le camp de test pour tous les autres camps ouverts par la suite, y compris Auschwitz. Il est resté pendant 12 ans le lieu où s'entraînaient les SS et où ils étaient "formés" à la gestion d'un camp de concentration.

"Porte d'entrée" du camp

Conçu pour abriter 6000 prisonniers, il en contenait 32000 lors de la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945 (qui a ensuite utilisé le terrain jusqu'en 1960). Pour faire face à cet afflux, le camp a été réaménagé plusieurs fois et agrandi. Ce sont les prisonniers qui ont du mener ces travaux. Le camp comportait 34 baraques et une immense cour d'appel où les prisonniers étaient rassemblés matin et soir, quel que soit le temps. Pendant la guerre, ils étaient utilisés comme main d'oeuvre dans les usines d'armement de la région.

Système de défense du camp

Officiellement "camp de travail" (on trouve à l'entrée, forgée dans le portail de fer, la tristement célèbre devise "Arbeit macht Frei, le travail rend libre), Dachau est un des camps les plus connus. Ce n'était pas un camp d'extermination, mais de concentration, où étaient jetés pèle-mêle tous les "ennemis du Reich". Cependant, il n'y a pas eu de femmes ou d'enfants. Relativement peu de Juifs aussi, et uniquement pour leurs convictions politiques et non pour leur religion. Avant la guerre, les prisonniers étaient principalement internés pour des raisons politiques, mais avec le temps, le camp a servi de camp de prisonniers et, de manière générale, de prison pour les criminels de droit commun, et de nombreux prisonniers de guerre de nationalités différentes y ont été retenus pendant la guerre.

Photo de propagande
Dachau est un camp où il n'y a pas eu d'exécutions de masse et d'extermination systématique des prisonniers, mais cela ne signifie pas que la vie y était facile, bien au contraire. Il n'y a pas de chiffres exacts, mais on estime à environ 30000 le nombre de prisonniers morts à Dachau. Le camp possédait ses propres fours crématoires, et comme le nombre de morts augmentait rapidement, d'autres furent construits. Près des fours se trouve aujourd'hui encore une chambre à gaz, intacte, mais qui n'a jamais servi (pas par sympathie, puisque des prisonniers étaient transportés vers Auschwitz ou vers d'autres camps pour être gazés). C'est peut-être le moment le plus impressionnant de la visite, rentrer dans ce qui ressemble à une grande salle de douche, comme il peut y en avoir dans les piscines, et réaliser qu'on se tient en fait au beau milieu d'une chambre à gaz ...

Chambre à gaz

Rien de choquant en soi, rien que je n'ai déjà vu. Les images de propagande de Goebbels montrent un camp de rééducation aux conditions de vie agréables. Mais au lieu de cela, ce sont les images des morts décharnés, empilés les uns sur les autres et blancs, sur les images d'archives.
Dachau, ce n'est pas Auschwitz. Pas de femmes ou d'enfants. Pas de piles de cheveux, de valises ou de dents en or. Mais ces dortoirs, ces longues planches de bois dures sur lesquelles s'entassaient les prisonniers.
La cour d'appel, les exécutions arbitraires. Les fours crématoires, qui ressemblent à des fours à pain, mais où se trouvait un brancard en métal de la taille d'un homme qui servait à déposer le corps des morts. Des bouches béantes qu'on nourrissaient de cadavres à longueur de journée et de nuit, sans interruption, jusqu'à ce qu'elles soient si pleines qu'il faille en construire d'autres, jusqu'à ce que les corps soient laissés pourrir par faute de place, de charbon, de temps.
Dachau, ce n'est pas Auschwitz : une seule chambre à gaz, qui ne servit jamais. Mais ce fut le travail harassant dans les usines d'armement, la faim, le typhus, l'humiliation et le froid.
Dachau ce n'est pas Auschwitz. Mais, tout autant, c'est l'horreur.

Fours crématoires

mercredi 8 août 2012

Prague, une ville pour têtes en l'air

Prague ! A vrai dire, depuis que je suis arrivée à Eichstätt, tout le monde (ou presque) a déjà eu le temps d'aller y passer quelques jours, et tous sont revenus en me disant que la ville était magnifique, et qu'il fallait absolument la visiter. J'ai donc profité de la présence d'une amie, Pauline (celle-là même qui était en Suède cette année et avec qui j'étais déjà partie en Laponie) pour réaliser enfin cette envie que j'avais : aller à Prague.


L'immense avantage d'Eichstätt (du moins de ce point de vue), c'est que la ville se trouve relativement à l'est, et que Prague (au hasard !) ne se trouve plus qu'à 5 heures de trajet. La preuve : 

En bas, Eichstätt, juste au dessus, Nuremberg, qui est le passage obligatoire,
et à droite, Prague, notre destination finale !
Nous sommes donc parties de bon matin (à 6h13), étonnament peu chargées. D'Eichstätt, il faut d'abord prendre le train jusqu'à Nürnbeg, et ensuite prendre le bus de la DB, qui nous conduit jusqu'à Prague  "en seulement 3h45 !" (et même moins que ça, dans la vraie vie). Après avoir (un petit peu) tourné en rond pour trouver l'auberge, check-in-é, posé nos sacs, et troqué nos t-shirts/pantalons pour des débardeurs/mini-shorts, nous sommes parties, Routard en main, sac en bandoulière, et la jauge de motivation au maximum.

Niveau charge de bagages, sans surprise,
 c'est plus light que la Laponie !
Mes deux comparses de voyage, Héloïse et Pauline

Dès les premiers pas dans la ville, l'évidence s'installe : il faut prendre tous les bâtiments en photos - ou presque. A Prague, il suffit de lever la tête pour trouver des petites merveilles architecturales. D'ailleurs, sans qu'on s'en soit rendues compte, je pense qu'on a pris quasiment tous les bâtiments de Prague en photo, puisque tous les bâtiments sont étonnants. Bien sûr, il y en a quelques uns qui sont (sensés être) plus intéressants que d'autres. C'est ainsi qu'en chemin, nous avons croisé la célèbre Maison Qui Danse, ou plus surprenant, des maison rondo-cubistes. Mais globalement, on ne cesse de s'émerveiller sur chaque façade, en trouvant chaque fois une plus belle que la précédente. Ce qu'il y a peut-être de plus étonnant et de plus fascinant dans cette ville, c'est l'architecture : un instant on flâne dans le Prague des années 1900, et l'autre, on se trouve nez à nez face à un bâtiment soviétique. Très impressionnant.




Place de la Vieille Ville








Première Cour du château du Prague


La maison Qui Danse


Jardins du palais Wallenstein,
qui abrite aujourd'hui le Sénat tchèque

Lever la tête !
On est toujours récompensé !





Nous avions environ 4 jours sur place, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on les a utilisé au maximum. La ville se décompose en plusieurs quartiers principaux :
  • Staré Město, qui correspond au centre ville.
  • Josefov, le quartier juif
  • Hradčany, la nouvelle ville
  • Malá Strana, au sud de la nouvelle ville
  • Nové město, au sud du centre ville (Staré Město, si vous avez bien suivi)
  • Vynohrady, un quartier un peu plus excentré où se trouvait notre auberge de jeunesse
  • Vyšehrad, le quartier où se trouve le premier site de la ville
Pour vous repérer, une petite carte :


On a eu le temps de passer dans tous ces quartiers, et pour cela, on a beaucoup marché ! On est passées et repassées sur le très célèbre pont Charles, bondé de touristes et d’attrapes touristes : portraits amateurs en une demi heure, babioles souvenirs, colliers "artisanaux", groupes de musique et orgue de barbarie. Même si traverser peut parfois prendre du temps, l'atmosphère toute particulière du lieu et la vue imprenable sur la ville et le fleuve (la Vltava, allez, répétez le moi 20 fois à toute vitesse) vaut vraiment le coup.

Vue sur la Vltava.
Pont Charles, Karlův most en tchèque.

Au programme de ces quelques jours, principalement des déambulations à visée architecturale. Sans vouloir faire de publicité, le Routard s'est imposé comme l'élément absolument indispensable. Même si on aurait préféré qu'il nous explique plus clairement certains mouvements architecturaux (je pense bien sûr au fameux rondo-cubisme, cité plus haut, dont le nom même constitue une métaphore tout à fait délicieuse).

Un des principaux exemples de rondo-cubisme de Prague.






Hôtel sur la Václavské náměst, place gigantesque,
équivalent des Champs-Elysées parisiens.
Synagogue Vieille-Nouvelle
Impossible de parler de Prague sans nommer le quartier juif, Josefov. C'est l'ancien ghetto juif de la ville (les nazis n'avaient rien inventé), installé au Moyen-Âge par les autorités de la ville. Malgré les pogroms réguliers, le ghetto a quand même réussi à prospérer. Cependant, la densité était devenue telle que le quartier est devenu insalubre, et les autorités l'ont presqu'entièrement rasé, ne laissant que quelques synagogues. La légende veut que si ces dernières ont survécu à l'occupation nazie, c'est uniquement car Hitler souhaitait les transformer en un Musée des races disparues. Relativement peu joyeux ...


Musées, c'est en tout cas ce que la plupart d'entre elles sont devenues : elles présentent la vie des juifs aux XIXème et XXème siècle, et sont aussi un lieu à la mémoire de toutes les victimes juives du génocide nazi. On y trouve aussi le vieux cimetière juif de Prague : on y dénombre environ 12 000 pierres tombales (et certains estiment que près de 100 000 personnes auraient été enterrées là entre 1478 et 1786) sur une toute petite surface. Les photos sont normalement interdites, donc elles ne sont pas de moi. Pour les amateurs, sachez que c'est là qu'est né Franz Kafka !



Quartier juif


Vieux cimetière juif


On ne peut pas aller à Prague sans aller à l'opéra. Pour 7 euros, nous avons donc obtenu des places pour le Lac des Cygnes. Il est possible d'acheter des billets très peu chers jusqu'au début du spectacle (et pas forcément si mal placé qu'on pourrait le penser).




Avant d'en terminer, je voulais présenter l'endroit qui m'a le plus marqué de ces quelques jours : le mur de John Lennon. Il n'est pas facile à trouver, quelque part sur la rive est de la Vltava, dans Malá Strana, presque au bord de l'eau, et il faut zigzaguer un petit peu dans des petites ruelles sympathiques qui font penser à l'Italie. Ce mur se trouve en face de l'ambassade de France, et c'est un hommage à John Lennon, dont le visage était initialement peint dans les années 1980. Le mur est ensuite devenu un symbole de résistance face aux communistes pour les étudiants pragois, et après la chute, il s'est couverts de dessins, graffitis, paroles de chansons des Beatles, proverbes, et appels pour un monde meilleur. Outre le symbole, c'est très joli ! Et c'est collaboratif : on trouve au pied des murs des petites bouteilles de peinture : si vous vous sentez l'âme d'un artiste, il ne faut pas hésiter à y aller !

Petite découverte

Mur de John Lennon, version entière





John Lennon !

Des français sont manifestement passés par là ...








Et pour finir, comme j'écris cet article avec un mois de retard et que mes souvenirs ne sont plus très frais, je vous laisse avec quelques photos insolites !
Pour éviter les inondations, tout le quartier a été surélevé.

Le secret ? Une statue gigantesque d'un cheval ... à l'envers !

Des français sont passés par là ...
 En fond, l'antenne de télévision,
 parcourue par des bébés sans visage.