Me revoilà, cette fois avec un article sur le KZ Dachau (français non germanistes, prononcez Darrao), en français, le camp de concentration de Dachau. Bien qu'il se trouve très près d'Eichstätt, je n'avais pas encore eu l'occasion d'aller le visiter. C'est maintenant chose faite, et c'est une très bonne occasion de reprendre ce blog, qui commençait à être victime du fameux "syndrome du deuxième semestre" (la plupart des blogs d'Erasmus sont abandonnés au deuxième semestre par manque de temps, d'envie, de motivation, et l'impression qu'il n'y a plus rien à dire).
Quelques remarques d'ordre général avant de commencer. Le camp de Dachau se trouve juste au nord de Munich, et c'est le tout premier camp de concentration mis en place par le régime nazi. Il a ouvert dès mars 1933, soit deux mois seulement après la prise de pouvoir d'Hitler, et il a été le camp de test pour tous les autres camps ouverts par la suite, y compris Auschwitz. Il est resté pendant 12 ans le lieu où s'entraînaient les SS et où ils étaient "formés" à la gestion d'un camp de concentration.
"Porte d'entrée" du camp |
Conçu pour abriter 6000 prisonniers, il en contenait 32000 lors de la libération du camp par les Américains, le 29 avril 1945 (qui a ensuite utilisé le terrain jusqu'en 1960). Pour faire face à cet afflux, le camp a été réaménagé plusieurs fois et agrandi. Ce sont les prisonniers qui ont du mener ces travaux. Le camp comportait 34 baraques et une immense cour d'appel où les prisonniers étaient rassemblés matin et soir, quel que soit le temps. Pendant la guerre, ils étaient utilisés comme main d'oeuvre dans les usines d'armement de la région.
Système de défense du camp |
Officiellement "camp de travail" (on trouve à l'entrée, forgée dans le portail de fer, la tristement célèbre devise "Arbeit macht Frei, le travail rend libre), Dachau est un des camps les plus connus. Ce n'était pas un camp d'extermination, mais de concentration, où étaient jetés pèle-mêle tous les "ennemis du Reich". Cependant, il n'y a pas eu de femmes ou d'enfants. Relativement peu de Juifs aussi, et uniquement pour leurs convictions politiques et non pour leur religion. Avant la guerre, les prisonniers étaient principalement internés pour des raisons politiques, mais avec le temps, le camp a servi de camp de prisonniers et, de manière générale, de prison pour les criminels de droit commun, et de nombreux prisonniers de guerre de nationalités différentes y ont été retenus pendant la guerre.
Photo de propagande |
Chambre à gaz |
Rien de choquant en soi, rien que je n'ai déjà vu. Les images de propagande de Goebbels montrent un camp de rééducation aux conditions de vie agréables. Mais au lieu de cela, ce sont les images des morts décharnés, empilés les uns sur les autres et blancs, sur les images d'archives.
Dachau, ce n'est pas Auschwitz. Pas de femmes ou d'enfants. Pas de piles de cheveux, de valises ou de dents en or. Mais ces dortoirs, ces longues planches de bois dures sur lesquelles s'entassaient les prisonniers.
La cour d'appel, les exécutions arbitraires. Les fours crématoires, qui ressemblent à des fours à pain, mais où se trouvait un brancard en métal de la taille d'un homme qui servait à déposer le corps des morts. Des bouches béantes qu'on nourrissaient de cadavres à longueur de journée et de nuit, sans interruption, jusqu'à ce qu'elles soient si pleines qu'il faille en construire d'autres, jusqu'à ce que les corps soient laissés pourrir par faute de place, de charbon, de temps.
Dachau, ce n'est pas Auschwitz : une seule chambre à gaz, qui ne servit jamais. Mais ce fut le travail harassant dans les usines d'armement, la faim, le typhus, l'humiliation et le froid.
Dachau ce n'est pas Auschwitz. Mais, tout autant, c'est l'horreur.
Fours crématoires |
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