lundi 31 octobre 2011

Regensburg ? Connais pas.

NB : Crédits photos à Hendrick, Marie, Léa, Héloïse. Et moi aussi, puisqu'une fois n'est pas coutume, j'ai pris pas mal de photos !

A force de vouloir casser le côté "journal intime" un peu inhérent à tout blog (Maïwenn mange une pomme. Maïwenn sort. Maïwenn dort. Maïwenn vit, tout simplement), je me rends compte que je vous fais un vrai guide touristique ! Je réfléchis à faire d'autres sortes articles, mais vivre à Eichstätt ne permet pas de faire des articles sur la musique locale ... Pas assez exotique ! Et je ne pense pas que suivre ma vie à la minute près vous intéresse ! Vivement que j'ai vraiment commencé les cours que je puisse vous raconter à quoi ressemble la fac allemande (et vous pourrez comparer avec les fac anglaises ou suédoises !).

Pour faire un mélange entre "vie de Maïwenn" et "guide touristique", je vais vous raconter mon excursion à Regensburg ... (qui date d'il y a quinze jours quand même, je ne suis pas très à l'heure).

Ça a commencé assez simplement :
"Dis, ça t'intéresse d'aller à Regensburg ?"
"Ou ça ?!"
"Regensburg !"
"Regensburg ? Connais pas. C'est quoi ?"
"C'est une grande ville de Bavière"
"OK"

Il faut savoir une chose, c'est qu'en Allemagne, il est possible d'acheter des tickets à plusieurs, ça s'appelle un Bayern-Ticket (la première partie change selon la région où on se trouve). C'est même beaucoup plus avantageux que d'acheter un ticket normal : il suffit de trouver 5 personnes, et il est possible de voyager toute la journée dans toute la Bavière (et en utilisant les lignes de bus/métro/tram locales) pour 6€. Pour partir en excursion, le plus simple est donc de motiver 4 autres personnes (ou 9, ou 14, ou 19, ou 24, etc) et de prendre un Bayern Ticket.



Au départ, la proposition d'aller à Regensburg a été lancée par une française du double-cursus, Louise. Et comme pendant les deux premières semaines d'octobre, les français étaient tous au stage de langue avec tous les autres étudiants Erasmus, l'idée a circulé assez rapidement. Le hasard (ou l'organisation) faisant bien les choses, nous étions donc 30 personnes à la gare à 8h30 (plus ou moins tapantes) ce dimanche 17 octobre. Pour cela, il avait fallu braver le réveil, le brouillard et le froid. Il est vrai que les températures commencent à descendre, mais soyez rassurés, les trains (allemands) sont chauffés. Heureusement d'ailleurs, puisqu'aller à Regensburg prend quasiment 2h30.

Regensburg ... Alors et vous, est-ce que vous connaissez ? La sale manie française de franciser tous les noms de ville joue en notre défaveur. Regensburg, en français, c'est Ratisbonne ! (Je vous entends presque faire "aaaah" devant votre écran d'ordinateur. Si ce n'est pas le cas, rassurez-vous, moi non plus ça ne m'a pas beaucoup aidé). Un autre indice ? On la surnomme "la ville du Pape", car Joseph Ratzinger (actuellement Benoît XVI) y a enseigné la théologie la théologie dans les années 1970 ...



La ville se trouve à environ 125 kilomètres d'Eichstätt, mais y accéder en train est un peu compliqué et relève presque du parcours du combattant (mais rassurez-vous, je vous épargne le détail des changements !). Heureusement, rien ne nous arrête, et notre groupe composé entièrement d'étrangers est arrivé à bon port. Contrairement à beaucoup de villes allemandes, elle n'a pas été bombardée par les alliés en 1945 parce qu'elle était trop peu industrialisée, et de ce fait, a pu conserver tout son patrimoine -notamment architectural.

Par contre, si vous surfez sur l'article de wikipédia en ce moment même pour faire semblant de vous y connaitre un peu, vous pouvez arrêter. Ou alors passer à la version allemande, qui est bien plus complète et proche de la vérité que ne l'est la version française. Mais le but n'est pas de faire un cours d'histoire ou de discuter des mérites de wikipédia.

Toute la vieille ville est protégée par l'UNESCO, et en effet, elle vaut vraiment le coup d’œil : se lever aussi tôt un dimanche matin était une bonne idée, quoi qu'en dise mon horloge biologique. Nous avions en tout 6 heures pour profiter de la ville : une mission quasi-impossible, mais que chacun a tenté de remplir au maximum.


"Bon, on va où ?"


Un peu en vrac, puisque l'excursion date d'il y a déjà deux semaines et que ma mémoire me fait un peu défaut :
  • une ballade dans la vieille ville qui est absolument magnifique.
  • la visite de la cathédrale (le Dom en allemand) : elle est immense et peut d'ailleurs servir de point de repère pour les touristes égarés. Trouver la flèche est un jeu d'enfant dans une ville où les immeubles sont quasi-inexistants, et à partir de là, il est facile de se faire une idée (plus ou moins approximative) de sa position !
  • une tentative de visite du château de la famille princière des Thurn und Taxis. Tentative seulement, puisque le dimanche en fin d'après-midi, il n'y a pas grand chose d'ouvert !
  • un pique-nique / sieste sur les bords du Danube.
  • des visites d'églises, très nombreuses comme partout en Bavière (du moins c'est ce qu'il m'a semblé), et puis très pratiques parce que le dimanche, il n'y a pas grand chose d'ouvert ici à part ça. Mais ça permet quand même de se rendre compte qu'ici tout est baroque (architecturalement parlant), donc l'intérieur des églises est toujours assez impressionant de richesse : plaqué or, vrai (ou faux) marbre rose, anges, ... On comprend très vite que la Bavière était (et est toujours d'ailleurs) une région puissante et riche.


Dom


Une sieste sur les bords du Danube. Elle n'est pas belle la vie ?



 
Qui a dit que les belles voitures étaient réservées aux italiens ?





Je suis en vie. Par contre, pour ce qui est d'être saine d'esprit, ça reste à vérifier ...

vendredi 21 octobre 2011

Intermède photos

NB : Appareil photo de Marie, Déborah, Hendrik et Marie pour s'être prêtés au jeu !

Lors d'un après-midi à Ingolstadt pour visiter un peu la ville (et quelques boutiques), un peu de lumière et quelques idées tordues donnent quelques photos sympathiques. Sans commentaires !




Tentative d'assassinat

I'm going to kil you with my gun / Okay, but I'll kick you in the leg !







Tiens, si on écrivait YMCA ! / Okay /
C'est bizarre quand même dans ce sens là / Bah, c'est YMCA en sens arabe ...










jeudi 20 octobre 2011

Nuremberg, alias la ville aux milles histoires

NB : Crédits photos à Léa ! Et à wikipédia, pour la plupart des images des bâtiments.

Entre le 4 octobre et le 17, je n'étais pas vraiment en cours à proprement parler, mais en stage de langue intensif, proposé par la KU pour tous les étudiants étrangers. A côté de ce stage, l'association pour les élèves étrangers (l'AK international, ou AK tout court) propose des soirées, des visites du campus ou de la ville, et surtout, une journée à Nuremberg.

Petit point avant le départ : que sais-je sur la ville ?
  • c'est là qu'on été promulguées les lois dites "de Nuremberg", en 1935, qui ont apporté de nouvelles restrictions au statut des Juifs en ce qui concernait les mariages entre juifs et allemands ;
  • le centre-ville a été presque entièrement détruit lors des bombardements alliés de la Libération en 1945 ;
  • c'est à Nuremberg que s'est tenu le fameux procès des dirigeants nazis en 1945 ;
  • accessoirement, c'est l'autre grande ville pas loin d'Eichstätt, à 1h30 en train donc un peu plus près que Munich.

La célèbre image des procès de Nuremberg,
au cours desquels furent jugés 24 hauts responsables nazis,
de novembre 1945 à octobre 1946.

Ayant rassemblé mes maigres connaissances sur la ville, j'ai donc rejoint la gare de bon matin, parée pour une journée de froid. Retrouver l'AK international et les élèves étrangers est chose facile. Il suffit de trouver le groupe qui parle fort dans pleins de langues différentes, ou, pour ceux qui n'ont pas la chance d'avoir des confrères de même nationalités, c'est le groupe qui parle allemand de telle manière que tu comprends tout ce qu'il dit. Ponctualité allemande oblige, le rendez-vous était fixé à 10h30 à la gare pour prendre la micheline à 10h44. Le trajet en train fut joyeux, et l'AK a beaucoup circulé dans les rangs pour distribuer programmes et cartes de la ville. Tout le monde est ensuite monté bien sagement dans le tram, direction le centre de documentation sur le nazisme.

Centre de documentation.


Là, il a fallu se séparer en trois groupes :
  • les gens frileux qui préféraient faire la visite du musée
  • les gens courageux qui allaient faire la visite des sites "nazis" en anglais
  • les gens super courageux qui allaient faire la visite des sites "nazis" en allemand.
En effet, Nuremberg ne se limite pas aux procès nazis et aux lois du même nom. La ville a été pendant tout le IIIème Reich d'une grande importance pour Hitler (wikipédia confirme en parlant même de "capitale idéologique" du Reich) pour des raisons historiques (c'est à Nuremberg que se tenait obligatoirement la diète impérial de l'empereur nouvellement élu) et géographiques (la ville se situait plus ou moins au centre de "l'espace vital germanique" si cher à Hitler).

Notamment, c'est à Nuremberg que se tenait tous les ans le congrès annuel du parti nazi. Pour accueillir ce congrès, Hitler a décidé la construction d'un complexe : le Reichsparteitagslände. Sur tous les bâtiments prévus, peu ont été commencés, et encore moins terminés. Après la guerre, tout ce qui n'avait pas été détruit par les bombardements a été gardé en l'état par la ville, autant pour des raisons budgétaires (tout détruire aurait coûté trop cher alors que la priorité de l'époque était la reconstruction) que des raisons de mémoire.

Vue aérienne du Reichsparteitagslände aujourd'hui, avec le Kongresshalle et la Große Straße.


C'est donc sur la trace du Reichsparteitagslände que se sont lancés tous ceux qui ne craignaient pas le froid, moi y compris. Mais comme on m'a souvent répété qu'entre deux maux, il faut choisir le moindre, j'ai préféré avoir froid mais comprendre la visite plutôt que d'avoir froid et en plus de ne rien comprendre (vous pouvez me huer, mais si j'avais fait la visite en allemand, il n'y aurait pas eu d'article ...).

Nous avons visité quatre sites :
  • la Lutipold Arena a été aménagée au niveau du monument aux morts construit après la première guerre mondiale (et instrumentalisé par les nazis). Ce monument aux morts faisait face à une immense esplanade où pouvaient se réunir tous les SA et les SS. L'esplanade a été détruite après la guerre et remplacée par un parc : le Lutipoldhein.
  • le palais des congrès (Kongresshalle). Le but de cet immense bâtiment était de réunir tous les membres du NSDAP (parti nazi). Inspiré du Colisée, il devait le surpasser en taille. Le budget prévisionnel a été entièrement utilisé pour la construction des fondations, donc les dirigeants nazis se sont ensuite contentés de verser de l'argent pour la construction, sans se soucier d'un budget quelconque (pouvoir imprimer sa propre monnaie a du bon). La somme d'argent dépensée pour la construction a été colossale, et Hitler prévoyait qu'à la fin de la guerre (gagnée par les nazis, bien sûr), ce seraient les pays conquis qui subventionnerait le projet. La guerre fut perdue, et le bâtiment laissé en l'état, c'est-à-dire non fini et plus ou moins à l'abandon. La ville de Nuremberg a refusé de le détruire puisque le coût serait trop important, et personne ne souhaite vraiment l'utiliser. Il sert aujourd'hui d'entrepôt. 
  • le Große Straße : comme son nom l'indique il s'agit d'une grande rue (quoi qu'immense serait plus juste) où pouvaient défiler les armées d'Hitler. Ironie de l'histoire, cette rue est aujourd'hui un parking. Une manifestation du côté pratique allemand, sans doute. Les français ont trouvé vraiment étonnant la reconversion du site. Juste à côté était prévu un stade olympique, mais la construction n'a pas été plus loin que le creusement des fondations, formant un énorme trou qui a été accentué par les bombardements. Au fil du temps il s'est rempli d'eau et il forme maintenant un lac : le silver lac.
  • le Champ Zepplin (Zeppelinfeld). servait aussi de lieu de rassemblement pour les nazis. C'est une sorte d'énorme arène. 34 petits bâtiments en font le tour derrière des gradins en pierre, sur lesquels étaient posé des lumières. Comme le rassemblement avait lieu de nuit, elles étaient toutes tournées vers le ciel, formant une "cathédrale de lumière" visible à 80 miles à la ronde.
Voici quelques images du site, actuelles ou d'époque :
Lutipoldarena à l'époque nazie. Photo prise du monument aux morts.


Le monument aux morts est toujours présent, mais inséré dans le parc.


Kongresshalle ... Un petit air du Colisée !


A gauche, l'interieur du Kongresshalle, et à droite un détail des arcades. Au premier plan tout en bas, on voit deux personnes : ça permet de mieux se rendre compte de l'énormité du bâtiment.


Große Straße sans voitures ...
 
Große Straße version parking.

Défilé nazi dans le Zepplinfield. Au fond, la tribune officielle surmonté de la croix gammée.
Elle sera détruite par les américains en 1945.

La cathédrale de lumière.

La tribune officielle aujourd'hui, plus ou moins laissé à l'abandon. Selon les spécialistes, si rien n'est fait rapidement, le site s'effondrera complètement d'ici 10 ans ...


Nüremberg est aussi une ville historique. La vieille ville est toujours entourée par ses remparts, dont la forme rappelle parfois les fortifications de Vauban. Quand on se balade dans la ville intramuros, on découvre de nombreuses églises et maison anciennes, miraculeusement conservées malgré la quasi destruction du centre ville par les bombardements alliés de 1945.
Je vous laisse découvrir la ville grâce aux nombreuses photos prises par Léa :





Chenonceau, en plus court.

 




A gauche, la maison d'Albrecht Dürer, un peinte allemand qui a vécu (et peint) à la fin du XIVème siècle et au début du XVème siècle.








J'ai pu visiter l'église Notre-Dame (Frauenkirche).


 

Elle a été construite au XIVème siècle par l'empereur Charles IV pour entreposer les joyaux impériaux. A l'époque tout les alentours formaient le quartier juif de Nuremberg, qui a été détruit après un pogrom en 1349. L'église a donc été construite à l'emplacement de l'ancienne synagogue. Elle est devenue protestante lors de la Réforme, avant d'être récupérée par les chrétiens catholiques au début du XIXème siècle. Les bombardements de 1945 l'ayant très fortement endommagée, elle a été entièrement restaurée dans les années 1980.






Cette histoire chaotique est rappelée dans l'église de deux manières principales :
  • une étoile de David est insérée dans le sol au milieu du chœur
  • la statue d'Edith Stein et son étoile de David. D'origine juive, elle se fait baptiser à 31 ans et entre dans les ordres (chez les carmélites) en 1933, quand sa carrière prend fin à cause des lois antisémites du régime nazi. Elle fut déportée et gazée à Auschwitz.

Malheureusement, le temps a manqué pour bien profiter de la ville : le rendez-vous pour rentrer à Eichstätt était à 18h15 à la gare - et les allemands de l'AK international avaient bien insisté sur la nécessité d'être punktlich (comprenez, à l'heure). Une autre visite s'impose donc avant mon retour en France pour la cinquième année !